Au loin... un cri, puissant, majestueux, douloureux... Elle n'avait pas rêvé. La terre, le ciel, les arbres, tous avaient entendus ce cri ultime, ce déchirement... Elle avait peur de reconnaître dans cette voix l'écho d'un être proche. Dans sa chair, pourtant,  elle ressentait toujours la morsure brûlante. La mort est une douleur plus vive que le feu. Riqua marchait doucement quelques instants pour reprendre ses esprits. Elle ne désirait plus rien, sauf éloigné le cri, ce cri étourdissant qui hypnoptisait ses pensées. Elle se remettait en doute : « Pourquoi elle? Pourquoi pas moi? »  Alors, elle comprit: le cri vennait toujours de la personne qui l'entend.

Elle était là, seule. Peut-être avait-elle toujours été ainsi, dans sa solitude lointaine. Elle ne savait rien. L'unique souvenir qu'elle avait était ses arbres qui l'entouraient jour et nuit, ses fidèles amis. Ses êtres immenses qui trop souvent dormaient étaient si simples, si calmes. Elle ne s'inquiétait jamais... ils la rassuraient à la moindre hésitation.